La litière végétale pour chats est-elle un biodéchet comme un autre ?

612 000 tonnes de déchets issus des litières minérales pour chats sont incinérées ou enfouies chaque année en France. Un sujet suffisamment important pour conduire à la création d’une toute première filière des acteurs des litières végétales en France, au sein de la fédération Rcube.  C’est au tour des acteurs des Assises des déchets de découvrir l’initiative Cats for Future. Retour sur une campagne de sensibilisation européenne. 

L’initiative Cats For future lancée par l’association Italienne PLA met l’accent sur l’impact environnemental néfaste des litières minérales pour chats pour l’environnement et le climat.
Depuis 2020, elle promeut la transition écologique vers des litières végétales à base de déchets de l’industrie de bois, de céréales ou d’autres matières secondaires ou tertiaires d’origine végétales. 

Rien que pour la France, les 15.1 millions de chats domestiques génèrent chaque année 612.000 tonnes déchets non-valorisables à partir des litières minérales souillées fabriquées à base de bentonite, sépiolite, argile, etc. Ces litières doivent obligatoirement être incinérées pour devenir, le cas échéant, des mâchefers, souvent toxiques, qui sont ensuite enfouies ou utilisées pour la construction des routes.

Des litières minérales nocives pour l’environnement et le climat

La production ainsi que le transport des litières minérales pour chat sont très énergivores. Après l’extraction dans des mines à ciel ouvert par exemple en Turquie, au Sénégal, au Canada ou en Chine de la matière primaire utilisée pour ces litières doit être séchée en générale avec du gaz naturel avant d’être acheminée sur des milliers de kilomètres jusqu’au consommateur français.
Lors de leurs processus de fabrication et de transport vers les points de vente en Europe, 500.000 tonnes de CO2 sont ainsi générées. 82% de plus que pour les litières végétales qui sont sourcées en général et produites localement. 

Une campagne de sensibilisation tous azimuts

L’initiative Cats For future a fait des campagnes de plaidoyers auprès des pouvoirs publics, des opérations de sensibilisation auprès des collectivités territoriales et souhaite développer des expérimentations avec les syndicats de traitements des déchets pour démontrer l’innocuité sanitaire du traitement industriel des litières végétales souillées dans les biodéchets. 

Son plaidoyer porte sur 5 points : 

  1. interdiction des litières minérales à l’horizon 2030, 
  2. fiscalité réduite pour les produits vertueux, –
  3. incorporation des litières végétales souillées dans les biodéchets, –
  4. généralisation des process de méthanisation et de compostage industriels 
  5. respect des objectifs de développement durable (11, 12, 13) 

Une initiative conforme à la LOI AGEC et à la stratégie Bas-Carbone française

L’initiative souhaite donc que soit reconnue l’importance des litières végétales dans la stratégie bas carbone et les politiques publiques de réduction des déchets. Son action a également pour but de modifier les pratiques des syndicats de traitement conformément à la mise en oeuvre de la loi AGEC. Pour ce faire, elle a lancé un crowdfunding (via hello asso) pour permettre de réaliser une étude à grande échelle afin de démontrer l’innocuité sanitaire du traitement industriel par le compostage ou la méthanisation des litières végétales souillées dans les biodéchets. 

Des expérimentation innovantes pour valoriser la place des syndicats de traitement 

Lors de ces expérimentations, les syndicats de traitement vont devoir faire preuve de procédés parfois très innovants pour garantir cette innocuité sanitaire. Rappelons à cet égard, que d’une manière générale, les biodéchets doivent faire l’objet d’une hygiénisation à plus de 67° en raison d’autres pathogènes que la toxoplasmose. L’incorporation des litières végétales souillées dans les biodéchets passe en effet par des approches compétitives mais efficientes pour conjuguer sécurité, principe de précaution et qualité des digestats et composts obtenus. En effet, l’apport des litières végétales pour chats dans les biodéchets n’avait jamais été évoqué. L’initiative Cats for Future a compilé des données européennes (elle existe dans 5 pays : Italie, Allemagne, France, Suisse et Espagne), incité les fabricants à faire des analyses du cycle de vie et a diligenté deux études et des notes auprès de scientifiques, d’ingénieurs ou de spécialistes des biodéchets. Aujourd’hui, ce sujet est très bien documenté. Il appartient donc au syndicat de traitement de s’emparer de ce sujet pour faire valoir leur technicité et leur capacité à produire des digestats et des composts de qualité ce qui, in fine, valoriserait leurs apports en matière de circularité.

Des gisements importants de matière valorisable pour une nouvelle approche de la circularité

L’engouement des Français pour le chat ne faiblissant pas (on table sur une progression de 200 à 300 000 individus par an), il y a d’énormes gisements de matières valorisables en jeu. Concrètement, le passage des consommateurs à la litière végétale entrainerait un volume d’environ 370 000 tonnes de matière organique valorisables dans le traitement des biodéchets. Ce ne sont que les prémisses d’une nouvelle approche pour valoriser ce qui doit l’être et rendre à la terre des amendements nécessaires à sa régénération.  

« C’est une aubaine pour l’économie circulaire, le climat et l’environnement. Et les syndicats de traitement ont un place de choix dans ce dispositif » conclut Michael Behnke, président de la commission de la Filière des Litières végétales au sein de Rcube.

Pour en savoir davantage : www.catsforfuture.fr

Ce projet a candidaté au Speed-meeting 2023.
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