Tri à la source des biodéchets sur le territoire de Nantes Métropole : contexte et perspectives

La réglementation fixe l’objectif de généralisation du tri à la source des biodéchets d’ici fin 2023, et il s’agira du thème de l’atelier 9 des prochaines Assises des déchets. Les collectivités sont amenées à développer de nouveaux dispositifs afin que chaque usager du service public dispose à terme d’une solution adaptée pour trier ses biodéchets. Voici un état des lieux de Nantes Métropole concernant son territoire.

Dans le cadre du service public déchets, Nantes Métropole a déjà mis en place des solutions de tri des biodéchets envers les ménages et prévoit de les développer et les renforcer.

Les ménages produisent deux types de biodéchets : les déchets de cuisine et de table (appelés déchets alimentaires) et les déchets de jardin (appelés déchets verts).

Les actions visent à atteindre les objectifs de la politique publique Déchets adoptée en 2021 par les élus métropolitains :

  • Réduire les quantités de déchets ménagers et assimilés et lutter contre les gaspillages avec, à l’horizon 2030, -20 % de déchets (base de 2010, en kg/hab/an) et diviser par 5 le gaspillage alimentaire ;
  • Améliorer la valorisation (recyclage et valorisation organique) pour atteindre 65 % en 2030.

Des mesures en place pour la gestion des déchets verts

Nantes Métropole offre un service de collecte séparée des déchets verts sur ses 11 déchèteries. Les 30 000 tonnes collectées sont traitées en compostage.

En complément, la Métropole apporte depuis 2021 une aide aux habitants pour l’achat d’un broyeur à végétaux afin de les aider à les gérer chez eux, dans leurs jardins. 300 collectifs d’habitants ont bénéficié de l’aide depuis 2021.

L’enjeu réside donc dans le tri à la source des déchets alimentaires qui représentent 32 % des ordures résiduelles, soit 43 000 tonnes par an (t/an) produites par les ménages et les professionnels assimilés1. Le gisement de déchets alimentaires produits par les ménages seuls est estimé à 29 000 t/an par l’Agence d’urbanisme de la région nantaise (Auran).

Une complémentarité des modes de gestion des déchets alimentaires

Nantes Métropole s’appuie depuis 2010 sur deux dispositifs de gestion de proximité des déchets alimentaires :

  • Compostage partagé : 295 composteurs sont installés et ouverts aux habitants dans les copropriétés et espaces publics, permettant à environ 8 850 foyers de gérer leurs déchets alimentaires avec leurs voisins. La Métropole prévoit d’installer 60 nouveaux composteurs par an en 2023 et 2024.
  • Compostage individuel : une aide à l’achat d’un composteur ou d’un lombricomposteur (respectivement 30 et 40 €) est en place depuis 2010. À ce jour, 22 000 aides ont été versées.

Pour accompagner la pratique du compostage et du broyage, des ateliers sont proposés tout au long de l’année à tout habitant souhaitant s’informer.

Toutefois, l’impact limité de la gestion de proximité sur les tonnages globaux amène à développer des solutions “de masse” à même de toucher rapidement un public large, peu sensibilisé à la gestion des déchets, et ainsi de capter les déchets alimentaires, notamment en milieux urbains denses.

Par conséquent, en complément, Nantes Métropole expérimente la collecte séparée des déchets alimentaires sur le quartier Nantes Nord depuis 2019, avec deux phases :

  • Phase 1 : secteur pilote de 3 000 habitants avec une mixité de gestion (collecte en porte-à-porte et en apport volontaire selon les adresses).
  • Phase 2 : totalité du quartier (25 000 habitants) depuis début 2022, exclusivement en apport volontaire.

Les premières actions et résultats de collecte des déchets alimentaires

© Nantes Métropole

Les premiers résultats de cette collecte en 2019 ont montré un très faible taux de présentation des bacs en porte-à-porte. Associé à des contraintes éventuelles de stockage de bacs dans certains locaux poubelles en milieu urbain, il a donc été décidé de déployer une solution de collecte uniquement en apport volontaire.

Le matériel retenu est un abri-bac implanté sur l’espace public et contenant un bac de 120 litres. Ce bac est collecté une fois par semaine en régie, et le bac et l’abri-bac sont régulièrement lavés par un prestataire privé (de 1 à 4 fois par mois selon les périodes de l’année). Les déchets collectés sont ensuite transférés sur une plateforme de compostage au sud de l’aire nantaise (à Vallet).

Une information au domicile de chaque foyer est prévue par les Ambassadeurs déchets avec la remise d’un seau à compost. Nantes Métropole a initialement distribué des sacs kraft accompagnant ce seau, mais ce système a rencontré des difficultés : des usagers ont pu constater que des sacs se déchiraient lors du transport, notamment en raison de l’humidité des déchets. Ce facteur, auxquels s’ajoutent les coûts importants et la complexité de la gestion logistique, a conduit la collectivité à arrêter toute distribution de sacs pour les déchets alimentaires.

L’objectif visé est de 15 kilogrammes par an et par habitant. Toutefois, si la collecte a connu un bon démarrage, les quantités récupérées ont faibli pendant l’été et le ratio obtenu en 2022 est légèrement inférieur à 9 kg/hab/an. Cet élément montre l’importance d’une communication soutenue et régulière, notamment après la période estivale.

La qualité des déchets collectés est en revanche élevée : le taux de refus est d’environ 6 % en 2022, soit une valeur bien moindre que les taux observés sur les bacs jaunes, par exemple.

Le déploiement de cette collecte à de nombreux quartiers nantais

La collecte des déchets alimentaires en apport volontaire va être étendue aux autres quartiers nantais (hors centre-ville) entre fin 2023 et mi-2024, soit 260 000 habitants supplémentaires. Le centre-ville présente des caractéristiques très particulières (forte densité, nombre élevé de commerces de bouche, contraintes sur l’espace public…) et nécessite donc des études complémentaires pour identifier la meilleure solution opérationnelle et le calendrier associé.

La Métropole travaille actuellement sur une intégration partielle du lavage des abri-bacs en régie, avec un renfort en période estivale toujours assurée par un prestataire privé. La thématique du lavage est centrale pour garantir une bonne qualité du service et dans la maîtrise des coûts du dispositif.

Une étude en cours pour les 23 autres communes de la métropole

L’AURAN réalise en 2023 un diagnostic sous la forme d’un atlas communal afin d’orienter Nantes Métropole dans le choix du système à mettre en œuvre selon les différents types de morphologies urbaines rencontrées (très dense à rurale). En fonction, il sera envisagé le déploiement d’une collecte en apport volontaire comme sur Nantes (zones denses) ou bien l’intensification du développement du compostage collectif ou individuel sera privilégiée.

Le déploiement de la collecte séparée hors Nantes ne commencera probablement pas avant 2025. La capacité à étendre cette nouvelle offre de service sera également conditionnée aux perspectives d’exutoires de proximité. Le futur pôle d’écologie urbaine de la Prairie de Mauves (Nantes) doit accueillir à terme une plateforme de valorisation des déchets verts et déchets alimentaires. En attendant sa mise en service, des recherches sont en cours pour gérer au mieux la transition.

1 Source : caractérisations des déchets réalisées en 2021 (MODECOM).