Mieux consommer ! Et avant de jeter ! France Nature Environnement, avec le soutien de l’UFC Que Choisir, a rédigé un texte qui invite les citoyens à faire preuve de bon sens et de responsabilité pour limiter le gaspillage. Cette intervention s’inscrit dans le cadre de l’atelier 5 des prochaines Assises des déchets.
La transition écologique semble être une urgence assez communément admise… et pourtant !
La communication commerciale et la publicité continuent à nous abreuver de messages visant à nous faire consommer plus, que ce soit dans l’alimentation ou dans les produits et objets de notre quotidien, sans rationalité ni mesure.
C’est une aberration écologique qui devrait être sanctionnée ! Qui finira par être montrée du doigt par les consommateurs.
Le résultat actuel est que la surproduction et la surconsommation continuent leur progression irrationnelle, produisant toujours plus de gaspillage en termes de produits jetés parfois même avant consommation, mais aussi de gaspillage de matières premières et d’énergie à la conception/fabrication, pendant l’usage et en fin de vie, accélérant ainsi la dégradation environnementale et les impacts sur le climat.
Encadrer et adapter la production pour réduire les déchets à la source
Chez France Nature Environnement, nous travaillons à convaincre de ralentir ce cycle infernal, pour tendre vers une production plus adaptée à nos vrais besoins et non pas à ceux que les publicitaires irresponsables tentent de nous faire croire, comme si ces objets nous seraient indispensables !
Alternative : Comme le meilleur déchet est celui qui n’existe pas, nous demandons une réduction des déchets par la source, par un encadrement de la production. Nous devons réduire notre consommation et mettre en place des politiques de réemploi plutôt que le recyclage.
Combien de perceuses n’auront percé que quelques trous, parfois un seul, voire aucun ? Combien de décorations de Noël n’auront servi qu’une fois, remplacées l’année suivante par la nouvelle couleur à la mode ? Combien de meubles sont éliminés uniquement pour satisfaire un changement de style de la pièce alors qu’ils ne présentent aucun défaut d’usage ?
Une responsabilité partagée entre consommateurs, producteurs et publicitaires
Autrefois, les biens et objets passaient d’une génération à la suivante. Ils étaient réparés, réemployés, changeaient d’usage, changeaient de main. Rien, ou très peu, n’était jeté.
Il ne s’agit évidemment pas de revenir au mode de vie des siècles antérieurs ,mais de faire preuve du bon sens indispensable et de plus de raison pour permettre aux générations futures de vivre dans un environnement sain et vivable.
Cette responsabilité porte bien sûr sur les consommateurs que nous sommes tous au moment de la décision d’achat, et ce n’est pas simple à mettre en application, mais d’abord et prioritairement sur les industriels, producteurs, distributeurs et leurs publicitaires qui, de notre point de vue, sont les premiers responsables de ce gaspillage :
- Mettre fin à la surproduction : l’industrie du textile est un des exemples de la frénésie de production des marques qui a des conséquences dramatiques sur l’environnement.
- Concevoir des produits utiles, durables, réemployables, réparables, économes et recyclables à leur fin de vie,
- Inciter à penser économie de la fonctionnalité.
- Cesser d’inciter à la consommation sans rationalité du besoin et de l’usage. Il est possible de continuer à se faire plaisir sans pour autant gaspiller inutilement.
- Prioriser sur les circuits courts, relocaliser au maximum : l’exemple du tee-shirt qui peut faire 40 000 km avant d’être vendu est une aberration totale
Permettre la réparation et le réemploi
Les comportements des consommateurs commencent à changer : le recours à l’échange, à la revente en seconde main se développent de plus en plus grâce aux plateformes numériques, et parfois aux ressourceries. Cela réduit le gaspillage en donnant une seconde, voire une troisième vie aux produits concernés. C’est un progrès.
Mais pour prendre plus d’ampleur, pour une consommation plus durable, il faut que les produits soient plus économes, réparables, durables… et cela se prépare à la conception en premier lieu : que la fabrication permette la réparation et que la distribution permette le réemploi, la revente.
Ceci entraînera peut-être une augmentation des prix à la première mise en marché, mais in fine un coût d’usage nettement inférieur individuellement autant que globalement. N’oublions pas que si le gaspillage entraîne un impact économique sur l’acheteur, il entraînera des impacts énergétiques et environnementaux collectifs immédiats et pour les générations qui suivent.
Engager un vrai changement
Un changement de paradigme est indispensable et urgent :
- Une réflexion approfondie sur le besoin réel et les services apportés par un nouveau produit
- Une éco-conception responsable et vertueuse, maximisant les circuits courts
- Des comportements de promotion et de vente responsables, ce qui n’est encore que bien trop rare
- Le retour à la réflexion sur le rapport qualité/prix qui a un peu disparu des priorités au bénéfice de la dépense plaisir à prix d’appel sans réflexion sur la durabilité et l’environnement,
- Une réflexion approfondie sur le besoin réel au moment de l’achat, à une réflexion sur les solutions alternatives telles que la location, le prêt, le partage….
Certains industriels ont engagé ce changement, certains commerçants également mais ils sont encore trop peu nombreux, ils font malheureusement exception.
France Nature Environnement appelle les industriels et publicitaires à ces changements indispensables à la transition écologique, et à participer à la sensibilisation des consommateurs, au contraire de ce que nous pouvons observer tous les jours et partout, notamment à travers la surenchère publicitaire.
Johann Leconte, pilote du réseau prévention et gestion des déchets France Nature Environnement avec le soutien de Gérard Allard référent régional Santé Environnement Pays de La Loire UFC Que Choisir