La dernière séance plénière des Assises des déchets était consacrée aux enjeux du changement climatique, soulignant la contribution de la prévention et de la gestion des déchets… mais aussi les progrès certains qu’il reste à réaliser. Exergues.
Le traitement et la gestion des déchets, qui portent la responsabilité de moins de 5 % des émissions de gaz à effet de serre (GES), sont pour autant pleinement impliqués dans la lutte contre le changement climatique, relève Laurent Michel, directeur général de l’énergie et du climat au ministère de l’Ecologie. Le levier des déchets renvoie en effet directement à l’économie circulaire : c’est tout le sens du titre 4 de la Loi de Transition énergétique (LTECV) entièrement consacré à ce sujet.
Le recylage n’est pas la panacée
Une avancée globale félicitée par les participants au débat… avec des nuances, cependant. « Nous ne sommes pas encore dans l’économie circulaire, ni dans le bas carbone !, tonne ainsi Denez Lhostis, président de France Nature Environnement. Le recyclage n’est pas la panacée : le recyclage n’empêche que les ressources sont tout de même entamées. Attention à un schéma de la recyclabilité qui tournerait un peu à vide : recycler ne permet pas de poser toutes les questions du changement climatique ».
Directrice du développement durable de Suez environnement, Hélène Valade n’en disconvient pas : « Certes, on n’y est pas encore : il y a besoin de plus de prévention car c’est un enjeu sociétal que d’aller vers une autre façon de consommer, et il faut mieux valoriser la protection de la ressource ». Et d’évoquer des directions d’action : inventer de leviers incitatifs plus forts, passer par exemple à un nouveau système de fiscalité liée à la ressource, et, demande-t-elle, fixer un prix du carbone, car il faut donner un prix aux externalités négatives.
De nouveaux signaux, encore faibles
Jérôme Schmitt, directeur développement durable et environnement de Total, ne craint pas d’acquiescer. « Nous disons oui au prix des externalités négatives ! Nous analysons en effet que ce serait donner un signal pour modifier les comportements et pour générer de nouveaux « business models ». Aujourd’hui, il y a trop de mauvais signaux, un prix du carbone trop faible et pas universel. Ce prix apparaît comme la bonne solution… malheureusement ne créant pas assez de consensus pour permettre un accord à la COP21″.
Jean-Luc Petithuguenin, président de Paprec, poursuit cette réflexion en évoquant les filières industrielles qui aujourd’hui peinent à survivre faute de marché soutenu, déplorant les dépôts de bilan à la chaîne des recycleurs de plastique au Royaume Uni et en Allemagne : « Le Plan déchets affirme l’objectif d’éviter 12 millions de tonnes de déchets en 2025 : si on sait l’organiser, en limitant les fluctuations des cours, ce contexte devrait être favorable pour qu’un nouveau métier industriel se crée ».
Des consensus d’action, au service du sens
Au-delà de la COP21, et après, serons-nous capables de déployer des actions durables en faveur du recyclage et des ressources ? Oui, en accompagnant la mobilisation des citoyens, et des entreprises, s’accordent à analyser Denez Lhostis, Jérôme Schmitt ou Laurent Michel. Sans attendre les institutions peut-être, en pariant sur les jeunes et l’éducation, en forgeant des consensus d’action qui permettent d’avancer et de dépasser les détails et les divergences, sans attendre la révolution mais en cultivant les progrès entamés…
Au-delà de l’engagement des États, assure Bruno Léchevin, président de l’Ademe, les solutions climat viennent aujourd’hui de partout, des citoyens et des territoires, avec des innovations remarquables qu’il faut provoquer et pousser, tout en évitant l’effet feu de paille : « Nous observons aujourd’hui quelque chose de nouveau et de profond, une vraie prise de conscience, avec de nouvelles relations des individus, et des entreprises, à l’intérêt général. C’est ainsi, par ces questions profondes de sens, que le changement des comportements sera possible ».