Économie circulaire : pour accélérer, valorisons les métiers et mobilisons les formations !

L’association Rudologia en appelle à une montée en compétences généralisée en matière de connaissance des enjeux et des techniques du traitement des déchets. Avec des propositions concrètes, notamment du côté de la formation.

À l’approche de l’examen parlementaire du projet de Loi relatif à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire courant septembre, on sent bien que chacun rode ses arguments avant de se lancer dans la bataille des débats. Pourtant cette fois-ci, deux nouvelles formes de contributions ont fait leur apparition. La première, plutôt bien connue, via le Grand Débat qui a recueilli la parole de citoyens, et une seconde moins médiatique (conséquence de la première) qui a été demandée aux préfets par le Président de la République et le Premier ministre. Ce second canal de concertation, intitulé « Mobilisation nationale pour l’emploi et la transition écologique et numérique », doit permettre de définir des agendas nationaux et locaux de solutions ainsi qu’une méthode de suivi de leur déploiement. Cette mobilisation nationale pour l’emploi et la transition écologique et numérique est construite autour de plusieurs thématiques dont trois nous intéressent particulièrement :

  • Être au rendez-vous de la forte demande d’apprentissage et de formation
  • Mieux accompagner les territoires en transition
  • Changer de dimension sur l’écologie du quotidien

Les défis liés de l’emploi et de l’environnement

Avec sa capacité d’observateur et d’analyste sans parti-pris, l’association Rudologia fait le constat que les défis de demain sont clairement posés et concernent autant les questions d’emplois que les inquiétudes environnementales, dont bien évidemment font partie la gestion des déchets et l’économie circulaire.

Faire se rapprocher les deux thématiques de l’emploi et de la gestion des déchets est une évidence tant il reste à faire en la matière. Si le secteur de la gestion des déchets affiche une croissance annuelle de recrutement de + 1,5 % depuis plus de 10 ans, preuve des besoins des employeurs (entreprises comme collectivités), les métiers restent méconnus et peu attractifs. Ils sont pourtant essentiels au bon fonctionnement de notre société et incontournables pour atteindre les ambitions des politiques environnementales. À une époque où, paraît-il, les jeunes sont en quête de sens dans leur travail, voilà de quoi les satisfaire. Les formations et les besoins en emploi existent, continuons collectivement à attirer des talents et de l’entrain !

L’urgence du décloisonnement

En matière d’économie circulaire, la difficulté est ailleurs, car il s’agit notamment de décloisonner les acteurs. Ce qui est recyclable pour l’un est-il effectivement recyclé chez l’autre ? Ce qui est compostable l’est-il dans toutes les conditions ? Ce qui est réparable l’est-il facilement et trouvera-t-il ensuite acquéreur ? La clé de la solution ne se trouve pas dans l’issue du combat entre telle ou telle technique, mais bel et bien dans la connaissance et la connexion des protagonistes. Chacun d’eux a naturellement (et légitimement) tendance à défendre son point de vue, sa solution une fois que la machine est lancée. C’est au moment de la conception que tout se joue, se réfléchit, s’anticipe, voire se concerte… Beaucoup d’entreprises l’ont déjà bien compris et d’autres s’interrogent en ce moment, notamment en réaction au « plastic bashing » : « Mes produits sont consommés à l’échelle d’un marché local, et si je proposais des contenants réutilisables ? » ; « Puis-je limiter le recours au plastique dans mes produits ou mes emballages ? » ; « Les matériaux de mon objet sont recyclables, mais sont-ils faciles à collecter et à séparer avec les filières actuelles ? », etc.

Les indispensables approfondissement et partage des connaissances

Pour avoir le réflexe de se poser ces questions, évidentes pour nous autres spécialistes du domaine, encore faut-il être convaincu que des réponses réalistes et crédibles sont envisageables. Ceux qui sont nés après 1995 – 2000 ont grandi avec le tri sélectif comme paysage quotidien et sont conscients des conséquences des déchets que nous produisons. La première pierre de sensibilisation est donc bien posée dans la société, mais pour ceux qui seront amenés à concevoir, fabriquer ou distribuer les objets et produits de demain, il est indispensable d’approfondir les connaissances. Rudologia ayant comme mission statutaire d’accompagner la montée en compétence de chacun, nous sommes convaincus que toutes les formations d’enseignement supérieur devraient inclure dans leur programme un module de formation « déchets » d’au moins 5 jours. Un tel module serait articulé autour de visites d’installations de stockage, de visites de centres de tri et/ou de démantèlement, de challenges à l’innovation, de rencontres avec les consommateurs, d’histoire des politiques publiques, de sociologie et bien évidemment de la question des impacts environnementaux et de la réglementation.

Les solutions techniques existent, les consommateurs-citoyens attendent des changements, les étudiants seront réceptifs… Alors valorisons les métiers et mobilisons les formations pour accélérer les rencontres entre fabricants et gestionnaires de déchets !

C’est dans cet esprit que l’association Rudologia a été créée il y aura bientôt 20 ans. Un espace de rencontre et d’échange ouvert à tous les acteurs, un centre de ressources et de formation au service des nouveaux métiers nés du tri de nos déchets.

RUDOLOGIA
Pôle Compétences Déchets
https://www.rudologia.fr