N’attend-on pas beaucoup, et même trop, des nouvelles filières REP ? Certes, l’expérience a prouvé la pertinence de cette approche. Mais il n’est pas assuré que son application sans mesure à toutes les catégories de déchets désormais visées soit aussi efficace qu’on le souhaiterait. Il faut en tout cas en discuter entre parties prenantes : c’est précisément le thème d’un atelier des Assises des déchets.
Les filières REP annoncées par la FREC et contenues dans la loi présentée au conseil de ministres de juillet, dont on débat en cette rentrée, font l’unanimité. Au moins à travers leur ambition : elles sont dans l’esprit favorables à l’amélioration du tri et du recyclage, elles peuvent singulièrement hausser la performance environnementale du traitement d’une famille de déchets en entraînant plus de responsabilisation des acteurs. Ceux-ci ont d’ailleurs accueilli positivement cette proposition, dont ils louent la boucle positive qu’elle induit, entraînant les professionnels à se préoccuper de la fin de vie de leurs produits, notamment par l’éco-conception.
Après cette première approche favorable, il est cependant apparu quelques réserves. Vouloir appliquer la REP à un grand nombre de familles de déchets, dont les emballages industriels et commerciaux ou ceux du BTP, où ce sont tout de même des millions de tonnes qui sont en jeu, peut se révéler plus complexe que d’abord imaginé.
Attention à ne pas installer un cadre trop restrictif !
Il faut prendre garde, analysent des observateurs — et des acteurs ! – à ne pas se tromper de méthode. Les déchets issus de l’activité économique constituent des réalités très diverses pour lesquelles la logique de la filière REP ne sera pas forcément à chaque fois positive. Attention à ne pas installer un cadre trop strict, voire trop restrictif !
Dans le BtoB, et notamment parce que les détenteurs y sont souvent prescripteurs de l’emballage !, l’application d’un nouveau cadre dupliqué d’autres filières REP pourrait se révéler difficile, voire contre-productive. Figer par systématisme un nouveau système, qui ne sera pas forcément plus efficace qui celui qui est déjà en place (en matière de déchets carton, on est déjà au-dessus des objectifs européens), et lancer la construction d’un nouvel éco-organisme (ce qui prendra nécessairement beaucoup de temps et d’énergie) n’est pas forcément la solution.
Il semble donc urgent de mettre autour de la table les acteurs – metteurs en marché, détenteurs, opérateurs, administrations – pour identifier des organisations adaptées aux filières. Dans l’univers commercial et industriel où vont dorénavant débarquer les REP, les entreprises se disent prêtes à avancer. Mais elles demandent en même temps une grande attention à leurs conditions d’exercice, à leurs marchés, soulignant leur besoin de souplesse et de flexibilité.
Nul doute que les discussions de Nantes, avec toutes les parties prenantes, constitueront une étape importante d’un débat de fond qui va animer les filières déchets cet automne.
Atelier 8 – REP à tous les étages — mercredi 2 octobre, 16h15 à 17h45