« La réussite des filières françaises du déchet, c’est la créativité, le pragmatisme et l’adaptation aux contextes locaux »

Eco-Emballages est un partenaire de toujours des Assises des Déchets. Un compagnonnage de longue haleine qui continue de s’approfondir, au nom d’une dynamique de co-production essentielle dans l’univers du déchet. Analyse de Johann Leconte, conseiller spécial du directeur général d’Eco-Emballages.

 

Eco-Emballages est un partenaire historique des Assises. Pourquoi ce choix ?

Tout simplement parce qu’elles constituent le seul événement organisé en si étroite collaboration entre l’ensemble des parties concernées, avec l’appui très important du ministère de l’Environnement ! C’est là où se rencontrent tous les publics concernés par la problématique des déchets : les administrations, les entreprises, les associations de consommateurs et de protection de l’environnement, les élus et les collectivités locales. Tous les deux ans, depuis 28 ans, les Assises proposent un espace de dialogue et de débat, en toute liberté, indispensable à nos métiers.

 

Quelle est la finalité de ces débats ?

Du remue-méninge pour une production collective ! Si on parle beaucoup aujourd’hui de co-élaboration de dispositifs publics, il y a longtemps que les Assises y participent. En effet, chaque édition des Assises propose des formats spécifiques et évolutifs, de travail et d’échange, alternant plénières et ateliers, où personne n’affirme détenir la vérité et où on ne se contente pas de solutions simplistes. Les Assises ont participé au chemin collectif parcouru pour faire évoluer les comportements des citoyens et de la société dans son ensemble dans le cadre de la mise en œuvre des filières REP, par exemple. 

 

Des constructions progressives et des expériences partagées…

… pour une efficacité économique, sociale et environnementale ! Dans les métiers des déchets, il ne faut surtout pas construire des cathédrales à la première idée venue ! Au fil de leur histoire, les acteurs de la gestion des déchets ont dû réfléchir, observer, inventer, partager leurs expériences. De plus la mobilisation des acteurs locaux a  été décisive pour mettre en œuvre les dispositifs dans les territoires. Les Assises ont facilité les contacts, ont permis de rendre compte des expériences menées sur de multiples thématiques, de partager les bonnes pratiques… Pour illustrer cette capacité à agir, à s’adapter, je peux citer l’exemple du Pays Fouesnantais ou celui du canton de Champtoceaux, en Anjou, qui ont inventé modestement d’abord puis de plus en plus industriellement. Les initiateurs politiques et techniques du projet de collecte sélective et de tri des emballages ménagers de Champtoceaux sont partis d’idées simples et locales : des tables à trier les pommes ! Il a fallu les reconvertir pour trier les emballages, puis le système a grandi en 5 ou 6 étapes successives, de plus en plus élaborées au plan industriel, pour faire face à l’augmentation des volumes à trier. La réussite des filières françaises du déchet, c’est cette créativité, ce pragmatisme qui associe high tech et low tech, et une capacité à s’adapter aux spécificités locales. J’ai cité deux exemples de l’Ouest mais il y en a bien d’autres sur notre territoire national et nous pouvons être fiers collectivement de ces réussites qui nous permettront de relever les défis qui s’annoncent : tout particulièrement celui de la transformation de notre maillage historique de petits centres de tri locaux vers une organisation plus industrielle, à l’image de ce qu’ont fait nos voisins européens, pour être en capacité d’étendre les consignes de tri à tous les emballages en plastique d’ici 2022.