Selon Bernard Harambillet, Directeur général Recyclage et Valorisation des déchets du Groupe Veolia, il est aujourd’hui essentiel de relever le défi des plastiques. L’enjeu ? Démontrer durablement le potentiel économique et environnemental du recyclage. Rendez-vous notamment à 16h15 pour l’atelier Recyclage et stratégie plastiques.
Comment abordez-vous la problématique des plastiques ?
Veolia est un acteur majeur du recyclage des plastiques en France. Nous traitons — collecte, tri et transformation— quelque 150 000 tonnes annuellement, soit environ 20 % du marché. Mais cette activité historique a profondément évolué, notamment à travers le développement de l’aval de la chaîne de valeur, la transformation des plastiques en granulats. C’est en ce sens que nous avons repris la société PMG, spécialisée dans la valorisation des plastiques, qui détient 40 % du marché français et vend des résines recyclées en France comme à l’étranger. Le plastique est encore promis à un bel avenir, mais nous devons rester attentifs aux conséquences de ce succès pour la planète et les générations futures : en 50 ans, la production des plastiques a été multipliée par 50, et nos océans débordent déjà de plastiques… Le taux de recyclage que nous atteignons, à seulement 20 %, ne suffit définitivement pas. Nous devons aller plus loin.
Vous souscrivez donc à l’objectif du 100 % recyclage ?
Cette grande ambition du ministre Nicolas Hulot a pu sembler excessive à certains. Viser 100 % quand nous n’en sommes aujourd’hui qu’à 20 %, cela peut sembler idéaliste… Pourtant, il nous semble ainsi qu’il a donné le bon cap ! Notre groupe s’engage sans réserve dans ces enjeux, et nous travaillons à l’unisson des impulsions réglementaires française et européenne en la matière. Si l’on y regarde bien, le plastique cristallise les limites des anciens modèles de développement, où le recyclage affiche un positionnement timide, et où l’éco-conception est peu présente. C’est bien ce modèle qu’il faut changer en profondeur. Il nous faut franchir un cap, passer à une dimension supérieure : c’est urgent.
Comment avancer en la matière ?
Des initiatives existent, chez nous et ailleurs, il faut s’en inspirer. Évidemment, notre stratégie doit être réaliste, elle doit s’adapter à la diversité des besoins de nos partenaires. Pour les déchets issus des ménages, il faut améliorer la collecte dont les performances plafonnent et travailler sur le tri à la source. Nous cherchons de nouvelles voies, comme celle proposée par l’une de nos start-ups partenaires qui offre des récompenses en échange de sacs de PET collectés… Cette expérience en cours à Lyon et Bordeaux suscite une grande adhésion, provoque du lien social et de la fierté, et replace les habitants et les professionnels au cœur de la démarche de recyclage. Dans les centres de tri des déchets issus de la collecte sélective, l’enjeu est d’accompagner les politiques publiques et de doper les taux de valorisation en apportant de l’innovation technologique. Avec les industriels enfin, nous construisons ensemble des systèmes d’économie circulaire à une échelle de plus en plus large : nous travaillons avec Tarkett pour valoriser les chutes de moquettes, avec Seb pour concevoir de l’électroménager à partir de résine recyclée, avec Danone pour valoriser les plastiques alimentaires…
Vous êtes optimiste ?
L’urgence est de stopper au plus vite les modèles déficients de l’ancienne économie. Mais, attention, il faut s’appliquer à développer une vraie approche industrielle. Il est clair que l’argument environnemental ne suffit pas pour convaincre les industriels de modifier leurs chaînes de fabrication et incorporer de la matière recyclée. Les niveaux attendus de qualité, de quantité et de prix doivent être au rendez-vous, sinon le recyclage ne décollera pas. Il nous faut donc savoir accompagner notre développement du bon dosage d’investissements et d’innovation. Il me semble que nous avons en France les moyens et les acteurs. C’est le moment de développer une industrie de qualité experte en recyclage des plastiques. Aujourd’hui, les conséquences environnementales des plastiques subissent la plus grande attention : demain, la protection de l’environnement sera la plus belle démonstration de la pertinence de l’industrie du recyclage des plastiques.
AT7 —Recyclage et stratégie plastiquesL’atelier 7 des Assises des Déchets 2017, qui fera le point des enjeux de recyclage des plastiques et plus largement des stratégies à l’œuvre en la matière se tiendra le mercredi 27 septembre à 16h15. |