La loi Agec rend obligatoire le tri à la source des déchets alimentaires pour tous, particuliers ou professionnels, à compter du 1er janvier 2024. Portées par des collectivités, des citoyens ou des agriculteurs, de nombreuses initiatives existent, mais il reste du chemin à parcourir, comme l’ont montré les débats de l’atelier 9.
À trois mois de l’échéance, seulement un quart de la population dispose de solutions adaptées pour répondre à la future réglementation sur les biodéchets, constate l’Ademe. L’agence de la transition écologique relève toutefois des projets de plus en plus nombreux de collecte et de gestion de proximité dans les grandes villes. Si différentes méthodes existent, la France semblerait plutôt portée sur l’apport volontaire, là où nos voisins européens privilégieraient la collecte en porte à porte. Comme le rappelle Isabelle Louiset, de Suez Organique, c’est à chaque collectivité de choisir le modèle qui correspond le mieux à son territoire.
Des projets prometteurs
Le syndicat mixte d’ordures ménagères (Siom) de la vallée de Chevreuse fait figure de précurseur en la matière. L’organisme a mis en place une collecte hebdomadaire auprès de zones pavillonnaires, sur la base du volontariat, qui touche aujourd’hui 3500 foyers équipés d’un bio-seau et d’un bac. La volonté citoyenne ne serait pourtant pas un frein au développement de ces démarches, selon le Réseau Compost Citoyen, qui compte aujourd’hui quelques 900 adhérents, dont des entreprises et des collectivités.
L’association a développé un projet pilote de composteur en pied d’immeuble sur tout un quartier à La Rochelle, soit auprès de 1500 logements : une réussite tant sur le plan de la collecte des déchets que de la cohésion sociale.
Informer et convaincre
Mais alors, pourquoi cela n’avance pas ? Comme le rappelle Suez Organique, qui dit nouveau flux dit aussi nouvelles charges. Une étude de la Fnade (Fédération nationale des activités de la dépollution et de l’environnement) fait état d’un surcoût de 8 à 15 euros par habitant, un poids supplémentaire pour les finances des collectivités.
Il convient alors de bien expliquer aux administrés le bien-fondé de la démarche. Si l’engouement citoyen existe, il reste encore une grande partie de la population à toucher. Tous les intervenants s’accordent sur le sujet : une campagne de communication s’avère indispensable pour informer et accompagner la population.
Valoriser : un enjeu écologique et énergétique
Si la collecte des biodéchets permet de réduire les ordures ménagères, elle offre aussi une réponse à l’appauvrissement des terres agricoles. Ce retour au sol de la matière, l’agriculture en a bien besoin. La baisse de l’élevage a en effet entraîné une diminution des fertilisants indispensables à l’agriculture biologique.
La Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB) s’est emparée du sujet en créant le projet MONA (pour désigner les matières organiques non agricoles), afin de placer la question de la valorisation en amont par un dialogue étroit entre collectivités et agriculteurs bio. L’objectif : fertiliser les parcelles d’agriculteurs bio par un compost de qualité avec une attention particulière pour éliminer toute trace de plastiques ou de micro polluants.
L’incontournable synergie des différents acteurs
Agriculteur-méthaniseur en Seine-et-Marne, Mathieu Deschamps partage cette nécessaire vigilance sur la qualité des biodéchets. Sur son exploitation en production porcine et culturale, il transforme les déchets des ménages et des supermarchés en biogaz et en fertilisant. Lui aussi est convaincu du besoin d’impliquer les agriculteurs dans la collecte. La synergie entre l’ensemble des acteurs semble plus que jamais de mise pour changer de braquet !