AT 5 – Valorisation énergétique : vers des projets de territoire

Si la Loi de Transition énergétique n’évoque pas explicitement la valorisation énergétique des déchets, celle-ci garde toute sa pertinence dans la hiérarchie des filières de traitement, d’autant que le Plan Déchets 2015/2025 prévoit le maintien global des capacités mais aussi l’amélioration de la performance des installations d’incinération. Reste à solidifier, voire à construire, le rôle et l’image de ces installations sur leurs territoires.

À Copenhague, une piste de ski construite sur le toit d’une usine d’incinération… Loin d’être loufoque, ce projet danois révèle combien les installations de valorisation énergétique peuvent avoir « bonne presse » ailleurs qu’en France.

Le projet de Plan déchets fixe pour les usines d’incinération d’ordures ménagères un objectif d’amélioration de leur efficacité énergétique en prévoyant d’une part l’arrêt d’ici 2025 des UIOM sans valorisation énergétique et d’autre part en demandant à ce que 50% des unités de valorisation énergétique insuffisamment efficientes le deviennent. En parallèle, la LTECV prévoit la multiplication par 5 des quantités de chaleur et de froid renouvelable ou de récupération d’ici 2030.

Au fond, il apparaît que le débat devrait être apaisé, après la fermeture acquise – ou à venir – des usines non performantes. L’incinération reste une solution de qualité pour les déchets dits ultimes dont l’efficacité énergétique a fortement augmenté ces dernières années si on se réfère aux chiffres clés de l’ADEME. Le Plan Déchets ne prévoit pas de développer de nouvelles structures, mais il prend en compte la saturation des usines d’incinération existantes et une capacité constante de valorisation énergétique (saturation par des refus de tri en substitution des tonnages des déchets ménagers qui vont continuer à décroître), pour pointer qu’il est nécessaire de développer 2 à 2,5 millions de tonnes de capacité de production d’énergie à partir de CSR (combustibles solides de récupération) pour atteindre l’objectif de diminution de 50 % des quantités stockées en 2025 par rapport à 2010.

Établir les conditions du développement

Mais l’horizon n’est pour autant pas dégagé. Si on ne craint plus l’effet « aspirateur à déchets », il reste difficile d’établir les conditions permettant les nécessaires investissements pour optimiser les installations actuelles. Ce qui passe d’abord par une meilleure image de l’incinération, auprès des élus, des aménageurs, des urbanistes, des populations. Un enjeu de sensibilisation où les marges de progrès sont importantes : comment montrer (démontrer) la valeur des projets, les inscrire sur les territoires, fédérer autour d’eux ? Sans aucun doute en valorisant combien ces installations riment avec la création d’emplois pérennes. C’est ce dont témoignent les exemples présentés par trois collectivités lors des Assises. Qu’il s’agisse du SIGIDURS, service public de gestion des déchets ménagers de l’Est du Val d’Oise, du SIDEPAQ Syndicat intercommunal de Quimper Communauté ou d’Artois Comm, communauté d’agglomération du Pas-de-Calais.

L’efficacité énergétique suppose en effet d’une part la saturation des UIOM existantes, et d’autre part la présence de consommateurs d’énergie autour d’elles. Or ces outils ont parfois été implantés loin, trop loin, des consommateurs et des réseaux urbains (réseau de chaleur, entreprise, industrie) pour éviter les protestations. Aujourd’hui, il est difficile d’attirer des activités nouvelles autour des usines, la disponibilité d’énergie compétitive dans le temps n’y suffisant pas, de même que les modes actuels de financement.

On pourrait dès lors imaginer, au niveau des collectivités, de permettre d’accueil de nouveaux déchets (hors syndicat local ou hors OMR*) au prix de marché, pour saturer les UIOM, mais aussi adapter les aides favorisant l’industrialisation autour des installations… Sans oublier de forger une communication différente, explicitant que ces outils de production d’énergie sont au service du territoire : chaleur à TVA réduite, création d’activité et d’emplois…

* Ordures Ménagères Résiduelles

 

> Atelier 5 : optimiser l’efficacité des UIOM

> Tous les comptes-rendus des Assises des déchets 2015