Pour Jean-Paul Cazalets, président de l’association des Assises nationales des déchets, l’édition 2015 des Assises s’intègre au cœur de l’agenda international de l’environnement. À Nantes, on traitera notamment de la contribution des problématiques du déchet à la lutte contre le réchauffement climatique.
Comment les 13e Assises des déchets prennent-elles place dans un agenda international sur l’environnement qui est très chargé ?
Jean-Paul Cazalets : Les Assises s’inscrivent en effet dans un triple agenda de première importance, concernant l’Europe, les Nations Unies et la mobilisation internationale sur le climat. Il y a d’abord l’actualité de la Commission Européenne, qui a comme objectif de réviser la Directive déchets pour la fin d’année, et d’émettre dans ce cadre un « paquet » de recommandations sur l’économie circulaire. La commission a lancé une initiative sur l’économie circulaire, comportant ainsi une consultation publique au cours de l’été. Du côté de l’ONU, l’assemblée générale de septembre se concentrera également sur les objectifs du développement durable. Il y a enfin la mobilisation internationale sur le climat, en préparation de la 21e conférence de Paris sur les changements climatiques, la COP 21 de novembre-décembre. Dans chacun de ces cadres, les problématiques déchets sont en profonde évolution.
Comment résumer l’impact nouveau des préoccupations déchets ?
Jean-Paul Cazalets : La représentation et l’impact de l’économie circulaire sont en train d’évoluer. Hier, la prise en compte de l’économie circulaire était souvent évaluée au regard de la seule mesure économique de la ressource et de sa préservation, alors qu’on comprend aujourd’hui qu’elle porte un autre levier essentiel : celui d’éviter les émissions de gaz à effet de serre (GES). C’est une évolution importante : l’« impact ressource » de l’économie circulaire est certes à l’origine de la démarche, mais si on y ajoute la prise en compte du CO2 évité, on aboutit à un effet-levier qui peut s’avérer décisif. Ainsi, la fixation du prix du CO2, à un niveau si possible significatif, devient un levier qui favorise fortement le développement de l’économie circulaire, et peut donc permettre de construire des solutions qui contribuent également à la limitation du changement climatique. En faisant apparaître ainsi d’autres échelles de rentabilité, à travers des solutions viables, on peut enclencher des boucles vertueuses.
Ce sont ce type de solutions que valoriseront les Assises ?
Jean-Paul Cazalets : Les Assises des déchets prennent toute leur place dans ce calendrier parce qu’elles sont un lieu de partage et d’échanges d’expériences de solutions opérationnelles. À travers ces échanges, sans doute seront évoqués les freins mais aussi les opportunités liés à la mise en œuvre de l’économie circulaire et émergeront de nouvelles voies d’expérimentations et de facilitation, à l’exemple des « green deals » mis en place aux Pays-Bas entre les pouvoirs publics et les producteurs. Les Assises, j’en suis sûr, permettront de valoriser des initiatives locales, de catalyser certaines solutions et de les insérer dans le cadre de la feuille de route qu’est en train de construire la Commission Européenne.