« Se préparer et s’organiser collectivement » : cette question, qui mobilise aujourd’hui la filière du démantèlement des installations nucléaires, sera au cœur d’un atelier des Assises. Avec en filigrane une question : l’industrie française est-elle prête pour gérer les démantèlements futurs ? Le point avec Bruno Cahen, pilote de l’atelier 8.
Pourquoi cette mobilisation sur le démantèlement ?
Parce que c’est une question à la fois urgente et durable. Quels que soient les choix de politique énergétique, les activités industrielles relatives aux installations nucléaires en France et dans la plupart des pays nucléarisés incluront un volet démantèlement toujours plus significatif. Tout exploitant d’installation nucléaire devra dorénavant prévoir l’intégralité de la gestion du cycle de vie : modalités de démantèlement intégrées dans le dossier de demande d’autorisation, stratégie et financement des opérations de démantèlement et de la gestion des déchets périodiquement évalués… Les enjeux technologiques, industriels, financiers, économiques et sociétaux sont forts, et il est donc naturel de s’assurer que l’industrie est prête à gérer les démantèlements futurs.
C’est un enjeu purement économique ?
Le sujet n’ est évidemment pas neutre de ce point de vue, car les installations en question sont multiples – réacteurs mais aussi installations du cycle du combustible ou de recherche… – et parfois anciennes, dont certaines sont arrêtées et seront progressivement démantelées. Mais au-delà de cet effet de calendrier, le démantèlement implique une forte mobilisation en termes d’organisation et de valorisation des savoir-faire dont la gestion des déchets dès la phase de préparation. En effet, ce type d’opérations produit d’importants volumes de déchets, principalement des métaux, gravats et pièces de grandes dimensions, dont 20 % de déchets de très faible et faible activité pour lesquels l’exploitant doit inclure un programme de gestion dans le dossier de demande d’autorisation, soumis à l’avis de l’Autorité de Sûreté Nucléaire. Il se construit ainsi progressivement en France un tissu industriel d’entreprises aux compétences diversifiées, capables d’intervenir en maîtrise d’œuvre, en opérateur pour mener à bien des opérations de démantèlement.
L’horizon est également technologique ?
En effet, aux questions de planification et d’organisation s’ajoute sans aucun doute la nécessité de l’innovation. Les enjeux industriels, sociétaux et de recherche liés au démantèlement concernent la limitation de la dose reçue, de la durée, du coût et des aléas des opérations et ceux liés à la nécessité d’assurer la disponibilité des financements, des compétences et des techniques pour les opérations des décennies futures. Concernant les déchets, la réduction des volumes, la caractérisation des déchets « sur pied » et les techniques de démantèlement, tri, traitement et conditionnement en vue d’un stockage optimisé voire de recyclage sont autant de champs d’innovation de ce secteur d’avenir en France et à l’étranger.
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