500 millions d’euros pour industrialiser le recyclage chimique des plastiques en France

La Commission européenne a validé un régime d’aides de 500 millions d’euros pour le recyclage chimique des plastiques en France. Une décision stratégique qui soutient l’industrialisation de cette technologie encore émergente, mais essentielle pour atteindre les objectifs européens de circularité des déchets.

En début d’année, la Commission européenne a autorisé un régime d’aides d’État français d’un montant de 500 millions d’euros pour accompagner le développement du recyclage chimique des plastiques. Cette décision s’inscrit dans les lignes directrices CEEAG (aides d’État au climat, à la protection de l’environnement et à l’énergie) et vise à renforcer les capacités de traitement de déchets plastiques complexes tels que les barquettes alimentaires ou les textiles en polyester, difficilement recyclables par voie mécanique.

Le régime prévoit des subventions couvrant jusqu’à 40 % des surcoûts d’investissement pour les entreprises optant pour des procédés comme la pyrolyse ou la solvolyse, techniques permettant de retransformer le plastique en matière première de qualité équivalente au vierge.

Carbios et les projets pilotes en première ligne

Parmi les premiers bénéficiaires potentiels figure l’entreprise française Carbios, pionnière du recyclage enzymatique, qui prévoit d’implanter une usine à Longlaville (Meurthe-et-Moselle). Cette installation, soutenue dans le cadre de France 2030, devrait permettre de traiter 50 000 tonnes de PET par an. Carbios bénéficie déjà d’un soutien public conditionné, avec une aide de 42,5 millions d’euros attendue de l’État et des collectivités territoriales.

D’autres projets industriels sont également à l’étude en France, portés notamment par TotalEnergies, Eastman ou encore Plastic Energy, avec l’ambition de structurer une véritable filière nationale du recyclage chimique.

Des critiques sur les limites de la solution

Mais cette stratégie ne fait pas l’unanimité. Plusieurs ONG rappellent que le recyclage chimique reste une solution complémentaire, coûteuse et encore immature. L’association Zero Waste France met ainsi en garde contre un “mirage technologique” qui détournerait l’attention des mesures de réduction à la source et a déposé un recours contre un projet de recyclage chimique porté par la société américaine Eastman. Le taux de recyclage des emballages plastiques en France reste faible, autour de 27 %, loin des objectifs européens fixés à 50% en 2025 et 55% en 2030.

Par ailleurs, le lobbying de certains industriels commence à peser sur le calendrier réglementaire. Le Monde a révélé comment les fabricants de barquettes en polystyrène ont obtenu le report à 2030 de leur interdiction initialement prévue en 2025, une décision qui illustre les tensions entre transition écologique et intérêts économiques.

Une avancée sous conditions

Pour réussir, cette politique devra être accompagnée d’un encadrement technique et réglementaire renforcé : normes de qualité pour les plastiques recyclés chimiquement, traçabilité, complémentarité avec les filières existantes, et évaluation de l’impact carbone global des technologies. Le succès dépendra aussi de l’ancrage local des projets et de leur articulation avec la responsabilité élargie des producteurs.

Avec ce feu vert européen, la France franchit une étape clé vers la structuration d’un nouveau pan de l’économie circulaire. Mais la vigilance reste de mise pour ne pas substituer un modèle industriel à un vrai changement de paradigme.

À lire aussi : la note du sénat sur le recyclage chimique des plastiques.

Les prochaines Assises nationales des déchets et de l’économie circulaire se tiendront les mercredi 30 septembre et jeudi 1er octobre 2026.