Producteurs et metteurs sur le marché réfléchissent de plus en plus à la conception d’emballages plus adaptés à une deuxième vie, mais ils le font encore trop souvent chacun de leur côté. La pression des consommateurs est désormais un formidable accélérateur pour les inciter à mieux travailler ensemble. Des initiatives collectives émergent, dont certaines ont été présentées lors de l’atelier 5 du mercredi 2 octobre. Mais il faudra encore réussir à lever quelques freins psychologiques et surtout technologiques.
Le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas. Mais il n’est pas toujours possible de le supprimer, il faut donc chercher à réduire la quantité de matière utilisée, mais également augmenter la part de matériaux issus du recyclage. C’est tout l’enjeu de l’éco-conception. Dans le cas des emballages, il s’agit également d’améliorer leurs fonctionnalités (préserver le produit contenu, garantir la sécurité sanitaire…) tout en permettant un meilleur taux de recyclage possible.
Une ambition partagée
Relever ce double défi environnemental et économique nécessite une forte ambition collective et un vrai travail collaboratif de l’ensemble des acteurs : fabricants, industriels, distributeurs, recycleurs, associations… Plusieurs d’entre eux se sont notamment engagés en ce sens en signant en février dernier le pacte national des emballages plastiques.
Aujourd’hui, le moteur n’est plus uniquement financier : le seul driver prix n’est plus suffisant. Désormais, il s’agit d’un enjeu de société. La pression des consommateurs (à l’image du succès de l’application mobile Yuka sur la composition des aliments) est de plus en plus forte. Mais ces derniers ont également des devoirs, ne serait-ce qu’au niveau du geste de tri. Tout cela nécessite encore beaucoup de pédagogie. À court terme, les réponses doivent être simples et générales pour tendre à devenir un standard, à l’image du système de consigne proposé par le supermarché en ligne Loop (Terracycle).
Des freins encore à lever
Bien sûr, il existe encore des barrières psychologiques comme le montre l’échec de l’expérimentation du retrait des fourreaux de dentifrice (chute des ventes en raison d’un produit moins attractif). Les freins sont aussi technologiques. C’est pourquoi il est impératif d’investir massivement dans la R&D. On peut citer l’exemple porté par la Laiterie de Saint-Denis-de-l’Hôtel, avec un consortium intégrant Paprec et des distributeurs, qui vise à développer une solution de recyclage bottle-to-bottle pour les bouteilles de lait en PET* opaque.
Plus largement, c’est également l’objet des appels à projets régulièrement lancés par Citeo, spécialiste des emballages et des papiers auprès des entreprises. Le projet RESET, qui vient d’être lancé, et dans lequel plusieurs distributeurs, dont U Enseigne, sont impliqués, s’inscrit dans la même veine. Il s’agit de favoriser l’émergence des solutions innovantes pour supprimer le plastique.
Une formidable opportunité
Le sujet de l’éco-conception s’intègre dans une prise de conscience plus globale autour de la préservation de la planète. Cette urgence environnementale explique aussi que les industriels se mobilisent, au-delà des incitations réglementaires et des enjeux de rentabilité. Toute transition génère une crise, mais elle oblige aussi les acteurs à travailler ensemble, ce qui est une formidable opportunité. Cela tombe bien, souligne Manuel Burnand, Directeur général de Federec, en chinois le mot « crise » signifie également… « opportunité » !
* Polyéthylène Téréphtalate.