Discours de Bérangère Couillard : “La transformation de notre modèle passe par l’implication de tous”

La Secrétaire d’État chargée de l’écologie auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires s’est adressée aux participants des Assises avec un discours volontariste.

Bérangère Couillard, Secrétaire d'État chargée de l'écologie

Mesdames, Messieurs,

C’est un plaisir pour moi d’introduire ces 16e Assises des Déchets.

Je tiens à saluer les nombreux participants qui assistent à distance aux débats et ceux qui contribuent sur place aux ateliers prévus ce matin. Je veux également remercier le président de l’association des Assises des Déchets et ses membres qui ont organisé le webinaire d’aujourd’hui.

Vous savez, cet été 2022 a été exceptionnellement chaud et sec en Europe avec des incendies très marqués. S’il le fallait, cela a permis de convaincre les derniers sceptiques de l’urgence à répondre aux enjeux climatiques. De même, les ressources de notre planète sont limitées. Nous en avons perçu concrètement les conséquences avec les tensions géopolitiques qui se sont cristallisées à nos portes.

Un de nos leviers d’action, c’est le développement de l’économie circulaire. Le modèle « extraire, produire, consommer et jeté » doit devenir l’exception.

Je veux pousser ce levier au maximum pour lutter contre le changement climatique, la pollution des océans par les plastiques, la perte de biodiversité et l’épuisement des ressources naturelles. Pour les seules filières de recyclage par exemple, nous évitons chaque année en France l’émission de 23 millions de tonnes de CO2. C’est quatre fois les émissions de la ville de Paris. Nous pouvons encore faire mieux. Cette dynamique de l’économie circulaire s’est accélérée avec la loi anti-gaspillage en 2020 puis la loi climat résilience en 2021. Et ces lois ont fixé un cap ambitieux et de nouveaux outils.

Nous devons désormais planifier cette transition, notamment par la mobilisation de toutes les filières.

Il s’agit d’abord de réduire au maximum la consommation de produits jetables à usage unique.

Nous soutiendrons en parallèle l’allongement de la durée de vie des produits en développant la réparation, la réutilisation et la remise en état des produits usagés pour leur donner plusieurs nouvelles vies.

Enfin, nous développerons les filières de recyclage car les produits recyclés ce sont des économies de ressources et des émissions de carbone en moins.
L’objectif est de recycler tous les déchets plastiques. Or nous en recyclons moins d’un tiers aujourd’hui. Il faut qu’on accélère. Je veux être claire avec vous sur l’ambition que je porte. Les produits qui ne sont pas réparables, non réutilisables ou non recyclables n’auront plus leur place en France. Importer sans cesse des produits neufs fabriqués à partir d’énergie produite au charbon puis transportés depuis l’autre bout de la planète n’a plus de sens. De même, exporter des déchets qui finissent dans des décharges sauvages à l’étranger est un gâchis autant pour notre planète que pour nos ressources. Nous devons changer tout cela. Plus qu’une simple évolution, c’est une transition de notre modèle qui nous offre également l’opportunité de relocaliser des emplois et de réconcilier l’environnement et le pouvoir d’achat. Je rappelle que le réemploi, le tri et le recyclage des déchets créent dix fois plus d’emplois que leur mise en décharge. Par ailleurs, un produit plus durable, facilement réparable ou reconditionné pour une nouvelle vie, c’est une économie pour la planète et pour le pouvoir d’achat. L’ADEME a par exemple calculé que les produits reconditionnés génèrent un impact environnemental 3 à 4 fois plus faible que les produits neufs.

Enfin, je profite de cette occasion pour rappeler le lancement tout récent de l’Observatoire du réemploi. Cet observatoire, porté par l’ADEME en lien avec les parties prenantes, va nous apporter l’expertise nécessaire pour aller dans cette direction. J’ai d’ailleurs engagé une concertation sur la feuille de route de cet observatoire avec l’objectif de la présenter au Conseil national de l’économie circulaire d’ici la fin de l’année.

Toutes les évolutions que je viens d’évoquer ne se feront pas du jour au lendemain. Elles nécessiteront les efforts de toutes et tous. Je souligne à ce titre l’engagement financier de l’État aux côtés des entreprises et des collectivités. Le Plan de relance a consacré près de 500 millions d’euros d’investissements dans l’économie circulaire. Grâce à lui nous avons financé 1500 projets depuis 2021. Pour l’avenir le plan d’action France 2030 prévoit près de 700 millions d’euros pour le recyclage et l’incorporation de matières recyclées. Comme vous le voyez le gouvernement se mobilise pour que personne ne soit laissé au bord du chemin. La transformation de notre modèle passe par l’implication de tous. Ces Assises démontrent la qualité de la réflexion qui est déjà engagée.

Je vous souhaite des travaux fructueux pour cette journée.