Nantes Métropole est un partenaire majeur des Assises des déchets. En toute logique selon Johanna Rolland, Maire de Nantes et Présidente de Nantes Métropole, au regard de l’ambition affichée de devenir une métropole de référence engagée dans la transition écologique et énergétique. Entretien.
Comment l’ambition d’engagement dans la transition écologique et énergétique se concrétise-t-elle dans le projet métropolitain ?
Johanna Rolland : Nous développons cette ambition au travers de politiques publiques qui visent la sobriété énergétique, la préservation des ressources (air, eau, biodiversité) et le développement de modèles économiques plus circulaires. La question des déchets est à la croisée de ces enjeux, comme peut l’être celle des mobilités ou de l’alimentation. On voit bien ici d’ailleurs combien ces politiques sont interdépendantes.
Ce choix, nous l’avons travaillé avec les citoyens dans ce mandat. En organisant en 2016-2017 un grand débat sur la transition énergétique qui a rassemblé plus de 53 000 participants. À l’issue de cette concertation très riche, le conseil métropolitain a adopté en février 2017, à l’unanimité, une Feuille de Route sur la Transition Energétique (FRTE) avec 33 engagements partagés avec les acteurs du territoire. Après une phase de consultation des habitants, citoyens, associations, entreprises, acteurs… nous avons par la suite adopté le Plan Climat Air Énergie Territorial (PCAET) en décembre 2018.
Le Plan Climat et la FRTE font l’objet d’une évaluation objective et partagée avec notamment la mise en place d’une Conférence Ouverte de la Transition Energétique composée de 33 membres (élus, partenaires, acteurs privés, associations et citoyens) en charge du suivi évaluatif.
Aux Assises 2019, Nantes Métropole a notamment choisi de piloter l’atelier consacré à la valorisation énergétique des déchets. Quelle est la situation locale ?
Johanna Rolland : L’action volontariste de la métropole nantaise en matière d’optimisation énergétique s’inscrit dans le contexte que je viens de rappeler. L’engagement n° 19 de la FRTE pose clairement l’objectif de « faire des déchets une source d’énergie renouvelable ». Aujourd’hui, nos 2 usines de traitement de valorisation des déchets sont engagées dans la transition énergétique avec de bonnes voire très bonnes performances énergétiques.
La première, Alcéa, située à l’Est de Nantes alimente le réseau de chaleur à énergie renouvelable et de récupération du secteur Centre-Loire. La connexion au réseau de chaleur urbain ainsi que la production d’électricité permet notamment l’autoconsommation du site.
La seconde, Arc en Ciel 2034, située sur la commune de Couëron, sera prochainement raccordée au réseau de chaleur Nord-Chézine en développement. Sa performance énergétique passera alors à 98 %.
L’économie circulaire est-elle également une clé de vos politiques déchets ?
Johanna Rolland : Au-delà de la valorisation énergétique, l’économie circulaire est en effet au cœur de notre ambition pour laquelle deux engagements spécifiques ont été pris :
- « 100 % des habitants auront à leur disposition une solution de tri à la source de leurs bio-déchets (alimentaires et verts) avec une valorisation locale d’ici 2025 »,
- « favoriser le réemploi et la réparation des objets localement ».
Nous avons par ailleurs fixé des objectifs plus ambitieux que le cadre national ou européen en visant de faire baisser les déchets ménagers et assimilés de 20 % d’ici 2030 (par rapport à 2010).
Pour les ressources organiques par exemple, les bio-déchets, nous expérimentons sur tous les plans :
- Pour les particuliers, une collecte séparée des déchets alimentaires sur un secteur pilote de Nantes Nord va être expérimentée à partir de novembre 2019, avec un compostage de proximité en partenariat avec une coopérative locale.
- En lien avec cette coopérative, la mise en place de la valorisation des biodéchets dans les cantines de la ville de Nantes est également en cours. Après un test encourageant sur l’école Ledru-Rollin, un déploiement progressif de collecte sur l’ensemble des établissements scolaires de Nantes va être mis en œuvre rapidement. Sur la Métropole, des actions semblables sont également en œuvre sur plusieurs communes et un groupe de travail permet de mutualiser ces expériences et de développer des outils communs de prévention du gaspillage alimentaire et de valorisation des déchets organiques.
- Dans le centre-ville nantais, nous soutenons une association locale qui collecte les ressources organiques chez les restaurateurs pour les valoriser en compostage urbain. Enfin, en application de la maxime « ce qui vient du jardin retourne au jardin », près de 40 000 habitants ont bénéficié d’une aide à l’achat de Nantes Métropole pour l’acquisition d’un composteur individuel ou d’un lombricomposteur et 225 composteurs sont installés sur le territoire dans les quartiers, lieux de proximité, et de lien social.
Qui dit économie circulaire dit aussi réemploi ?
Johanna Rolland : Sur le volet réemploi, la Métropole s’est appuyée sur le réseau de l’économie sociale et solidaire (ESS) nantais très riche et diversifié pour développer une politique très active. Par exemple, nous soutenons le développement des ressourceries de quartier ou d’espaces dédiés en déchetteries ; 21 lieux sont ainsi équipés sur le territoire métropolitain et gérés par des structures de l’ESS. De plus, en lien avec les bailleurs sociaux et les structures du réemploi, 18 locaux de pré-tri sont installés en pied d’immeubles pour permettre à chacun d’être acteur de la transition écologique. Enfin, la Métropole travaille actuellement en partenariat étroit avec les acteurs de l’ESS pour professionnaliser la filière.
Ainsi, l’ensemble de la politique de prévention de Nantes Métropole est travaillé en partenariat étroit avec les acteurs du territoire, associatifs ou économiques et leurs représentants, la CCI, la chambre des métiers…
La transition énergétique nous concerne tous ; c’est bien le sens de la feuille de route qui engage tout notre territoire, collectivités, associations, entreprises, citoyens.
Atelier 3 – Quels progrès en matière de valorisation énergétique ? ; mercredi 2 octobre, 10h30