L’ouverture des 18e Assises des déchets a été assurée par Agnès Pannier-Runacher, nouvelle ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques. Elle a témoigné de sa mobilisation sur les enjeux liés au secteur des déchets et a annoncé le lancement d’un plan de recyclabilité des matières premières.
“Il s’agit d’un moment charnière pour l’économie circulaire du pays”, déclare Agnès Pannier-Runacher en préambule de son intervention aux Assises des déchets le 3 octobre 2024.
Elle commence par lister des chiffres :
- plus de 100 milliards de tonnes de matières premières ont été extraites en 2023 contre seulement 30 en 1970 ;
- l’extraction de matières est responsable à elle seule de plus de la moitié des gaz à effet de serre et de 90% de la perte de biodiversité ;
- au niveau mondial, 20 milliards de tonnes de déchets ont été produites en 2020 et seulement 7% ont été recyclées ;
- la France paie chaque année 1,5 milliard d’euros de pénalités du fait de son retard en matière de recyclage des emballages plastiques.
Des motifs d’espoir
“C’est une situation inquiétante, mais nous pouvons aussi voir le verre à moitié plein”, tempère la ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques :
- La France a produit 14 millions de tonnes de déchets en 2023, soit 30% de moins qu’en 2010 ;
- 30 à 40 % de nos besoins pourraient être couverts par les matières issues du recyclage ;
- l’économie circulaire est un levier essentiel pour répondre au grand défi de notre siècle, la lutte contre le dérèglement climatique et contre l’érosion de la biodiversité : recycler une tonne d’aluminium permet par exemple d’éviter l’émission de 6,4 tonnes d’équivalent CO2 ;
- l’économie circulaire a un impact positif sur les territoires et génère de nombreux emplois : en France, elle représente déjà plus de 800 000 équivalents temps plein, et les filières de la réparation, du réemploi ou du recyclage permettent de créer 10 fois plus d’emplois que la mise en décharge.
Lancement d’un plan de recyclabilité des matières premières
Face à l’audience des Assises des déchets, Agnès Pannier-Runacher a déclaré avoir été particulièrement sensible à l’appel lancé par 65 acteurs de l’économie circulaire appelant à la nomination d’un ministre de l’économie circulaire. “Je serai ce ministre”, a-t-elle promis, en affirmant sa volonté d’avancer rapidement avec notamment la mise en place d’un plan de recyclabilité des matières premières. “Une large concertation avec 5 groupes de travail va être lancée, avec une première réunion dès le 7 octobre et un premier projet dès début 2025.”
La ministre a également annoncé qu’une attention particulière sera apportée au recyclage des métaux rares. “La demande en aluminium et en nickel a été multipliée par 6 et celle en cuivre par 10. Cela nous place dans une situation de dépendance dangereuse, et l’objectif est donc d’adopter des mesures d’ici mai 2027 pour améliorer la recyclabilité des matières premières critiques.”
Réduire la demande en matières premières critiques passe aussi par l’allongement de la durée de vie des produits : “si les Français conservent leurs lave-linges, sèche-linges et lave-vaisselles pendant un an de plus qu’actuellement, nous pourrions économiser 860 000 tonnes d’équivalent CO2, soit l’impact carbone d’1,6 millions d’habitants pendant un an !”, souligne la ministre, en annonçant vouloir également élaborer un décret pour mieux lutter contre le trafic illégal de déchets.
Un défi à l’échelle européenne mais porté par les expérimentations locales
La France se veut à l’avant-garde, mais Agnès Pannier-Runacher a néanmoins rappelé que ces enjeux dépassent nos frontières, et qu’elle allait donc suivre de près les travaux lancés par la nouvelle Commission européenne.
“Une loi est en préparation pour créer un véritable marché des matières premières recyclées et pour établir un marché unique pour les déchets devenus produits, en harmonisant les critères de sortie du statut du déchet. Il faut inciter fortement les producteurs à utiliser des matières recyclées plutôt que vierges, et notamment pour l’incorporation de plastiques recyclés avec un dispositif de bonus-malus plus simple et plus clair.”
Elle a enfin tenu à mettre en avant les initiatives d’élus locaux qui lancent des expérimentations sur leurs territoires pour faire de l’économie circulaire une source de développement économique durable. “Je sais que je peux compter sur leur engagement, et il nous appartient désormais d’avancer ensemble en redoublant nos efforts.”