Mobilisation : la communication à bout de souffle ?

Malgré des efforts incessants, notamment en matière de communication, il semble bien que la mobilisation des citoyens pour réduire et mieux gérer leurs déchets — moins produire et plus trier, consommer mieux… – plafonne. Alors, quelles actions, outils ou approches pour impliquer le plus grand nombre? Peut-être de nouvelles pistes originales doivent-elles être défrichées, ou au contraire faut-il ressortir du placard quelques solides pratiques de bon sens de nos grands-parents ?

« On a du mal à se démettre de cette idée fausse qui semble depuis longtemps pertinente : la communication est la solution. Mais elle n’est pas la solution, parce qu’elle entraîne le changement des opinions mais pas celui du comportement. La recherche montre que le seul ressort de la communication ne suffit pas à avancer. Sauf peut-être à long terme… mais nous n’avons plus le temps ». Pour le sociologue Pascal Moliner, il est assuré que les moyens traditionnellement mis en œuvre pour promouvoir des comportements favorables ne sont pas suffisants.

La dernière marche est haute. C’est la plus difficile, celle qui implique de passer du savoir à l’agir. Il ne s’agit plus de conforter les convaincus (les familles zéro déchet…) ni de s’échiner à séduire les hostiles (individus blasés voire rétifs…), il faut trouver d’autres moyens pour embarquer la plus grande part de la population, même les « non-concernés », face à laquelle la communication classique a sans doute failli.

Ne pas seulement monter une marche, changer d’escalier

De toute évidence, il faut bousculer les habitudes. « Il ne suffit pas de monter une nouvelle marche, il faut changer d’escalier, sourit Héloïse Even, chargée de programme biodéchets — biomasse à la Région des Pays de la Loire. Il faut inventer des moyens originaux, détournés, pour concerner les gens, sans doute se centrer sur leurs modes de vie, leurs intérêts et leurs passions afin de les toucher, pour qu’ils adoptent vraiment de nouveaux comportements, et se transforment à leur tour en ambassadeurs… ».

Ce changement de paradigme est plus facile à souhaiter qu’à réaliser car il faut presque aller chercher les gens de façon individualisée. Cela apparaît complexe, subtil… et très éloigné avec les fonctionnements des acteurs publics, rodés aux classiques campagnes de communication.

Peut-être l’expertise psycho-sociologique dispose-t-elle des ressources pour aller plus loin et agir sur les comportements ? Ou alors faut-il aller chercher  des approches plus ludiques, qui pourraient imaginer de nouvelles façons de sensibiliser le citoyen, à l’image de l’association Teragir qui parie sur le jeu et le public des scolaires. « Nous avons la volonté de favoriser la transformation psychologique, sans cliver, sans susciter de crispation, explique Romain Bouillon, directeur adjoint de l’association. Pour cela, nous préférons le processus éducatif plutôt que le conseil prescripteur. Par la pédagogie active, on apprend en faisant, on comprend… et ensuite on est amené à contribuer ».

Débat à approfondir lors de l’atelier des Assises des Déchets consacré à cette thématique.

AT2 – Du comportement à l’engagement citoyen — mercredi 2 octobre, 10h30 à 12h00