La première place de marché digitale des déchets trace sa voie

Lauréat des Speed Meetings Innovation des Assises des Déchets 2017, la plateforme numérique Organix met en relation producteurs de matières organiques et méthaniseurs. Ce projet se développe depuis lors à bon train, et inaugure ainsi le principe de place de marché digitale dans l’univers des déchets. Analyse d’Anne Bellery, Directeur des projets digitaux recyclage & valorisation de Suez.

Les Speed Meetings Innovation ont-ils été utiles à Organix ?

Anne Bellery : Dès les Assises de Nantes, le feed-back a été très positif. Il faut d’abord rappeler que nous avons été distingués dans la catégorie Technologies de rupture. Et en effet nous lancions quelque chose de très nouveau… et nous avons rapidement perçu à Nantes que cela intéressait vraiment de nombreux acteurs. Le challenge innovation des Assises a ainsi bien aidé le projet dans son ensemble. À l’interne d’abord : au sein du groupe SUEZ, ce prix a servi à encourager les équipes concernées, mais aussi à faire passer un message fort à tout le monde sur l’intérêt de l’approche de rupture que nous portions. À l’externe, ce prix a créé de la curiosité et généré beaucoup d’échanges et de questions, qui ont fait émerger de nouvelles suggestions au service de la plateforme.

Organix est-il désormais opérationnel ?

ORGANIX

Anne Bellery : Nous sommes passés de la bonne idée d’origine à un outil qui fonctionne, validé par les acteurs eux-mêmes qui commencent l’exploiter, avec des lots et tonnages récurrents échangés. Je rappelle qu’Organix consiste à mettre en relation les acteurs partenaires de la gestion des déchets organiques, producteurs et méthaniseurs, sur une place de marché digitale. Notre concept a été validé, dans lequel notre maîtrise des aspects réglementaires, de l’expertise matière et de la traçabilité sont tout aussi déterminants que notre expertise numérique. Le point le plus délicat concerne la promesse de réactivité attachée au digital. Il est apparu que les utilisateurs devaient être accompagnés lors de la découverte du système. Un temps d’apprentissage nécessaire pour régler des détails techniques, ajuster les délais de gestion de l’acheminement des flux, etc. Une fois cet « apprentissage » réalisé, la réactivité est au rendez-vous.

Un an après avoir été lauréat des Speed Meetings Innovation, le projet Organix a donc rempli toutes ses promesses ?

Anne Bellery : Il n’en est en effet plus au stade de projet, et il joue même en quelque sorte un rôle de pionnier. On sait que le concept de « market place » digitale est aujourd’hui relativement commun dans de nombreux business. Dans la filière des déchets en revanche, c’est encore très rare. En tant que place de marché numérique pour les déchets, Organix a donc dû aborder pour la première fois des sujets complexes : c’est très spécifique de traiter des matières où l’acheteur est parfois vendeur, où le même producteur paie parfois pour se débarrasser des matières et parfois est rémunéré pour le faire ! Le système, le logiciel pour gérer cela, n’existait pas : nous l’avons entièrement créé et mis au point, à la fois sous l’angle fonctionnel et dans l’environnement technique. On peut imaginer que l’expérience ainsi acquise pourrait demain se déployer dans tout l’univers du déchet, en s’adaptant à différents flux.

Sur internet : www.organix.suez.fr