Les jeunes et le durable : « Nous devons changer de modèles, mais aussi de vision du monde »

Pour introduire les débats du Web’Assises des déchets, nous avons fait le choix de donner la parole à la nouvelle génération de professionnels. Comment se projettent-ils dans l’avenir ? Quelles sont leurs attentes et leurs priorités en matière de développement durable et d’économie circulaire ? Éléments de réponse avec Marie Boussard, Frédéric Jacquot et Pierre-Emmanuel Saint-Esprit.

Marie Boussard

Marie Boussard est étudiante à l’Université du Mans et passe un master en Management, Ingénierie des Déchets et Économie Circulaire (MIDEC). Elle termine actuellement son stage de master 2 au sein de l’association Precious Plastic Touraine Val de Loire, en tant que cheffe de projet pour la création d’une micro-usine de production de mobilier design et durable, à partir de gisements de déchets du territoire.

Les discours actuels peuvent faire peur, mais si je me lève le matin c’est pour pouvoir changer les choses et ma génération a encore de l’espoir. En collaborant, nous pouvons faire émerger des innovations pour développer rapidement l’économie circulaire. On entend depuis 50 ans qu’il faut faire bouger les choses, et désormais il y a urgence. Nous devons changer de modèles, mais aussi de vision du monde : c’est un vrai changement de paradigme que les politiques publiques doivent prendre en compte.

Frédéric Jacquot

Frédéric Jacquot est technicien-réparateur chez Murfy, une startup de l’économie circulaire spécialisée dans la réparation et le reconditionnement des appareils électroménagers. L’entreprise a créé son propre organisme de formation avec des parcours de 6 mois qui débouchent sur un CDI. 

Le moment que nous sommes en train de vivre est très important. Chez Murfy, 80% des salariés ont moins de 30 ans et nous partageons la même vision : faire en sorte de moins jeter et de plus réparer. Souvent, on s’aperçoit que la panne peut facilement être réparée, voire qu’elle est uniquement provoquée par une mauvaise utilisation. Nous essayons d’apporter notre pierre à l’édifice pour réparer le maximum de machines. Il faut continuer d’innover et de faire avancer la recherche, mais en allant dans le bon sens : en utilisant des matériaux réutilisables quasiment à l’infini et en concevant des appareils facilement réparables.

Pierre-Emmanuel Saint-Esprit

Pierre-Emmanuel Saint-Esprit est cofondateur et directeur général délégué de l’entreprise Zack, entreprise leader en France de la seconde vie des produits électroniques, désormais filiale du groupe Manutan (leader européen du e-commerce B2B). Pierre-Emmanuel Saint-Esprit est également directeur exécutif de la Global ESSEC Circular Economy Chair

Les jeunes ont envie de s’engager, de passer de l’envie d’action à l’action concrète. Les écoles doivent donc se réinventer, car la formation est indispensable et il y a une pénurie de talents spécialistes de l’économie circulaire. Il faut former les professionnels de demain pour irriguer l’entreprise avec les principes d’économie circulaire, mais aussi mener la recherche académique qui se fait sur le temps long. Nous avons créé le collectif “EC2027, un quinquennat pour l’économie circulaire !” avec des entreprises de l’économie circulaire et d’autres qui veulent s’y mettre : l’objectif est de s’appuyer sur la synergie d’un consortium pour créer de premières belles histoires et donner envie à la concurrence de nous imiter !