« Il y a beaucoup à faire, il faut sortir des sentiers battus »

Michèle Gressus est maire de Bouguenais et vice-présidente de Nantes Métropole en charge de la collecte et du traitement des déchets. Au nom de la collectivité qu’elle représente, et sans doute de beaucoup d’autres exécutifs locaux, elle pose l’intérêt très concret que représentent les Assises des déchets.

 

Nantes Métropole est un des grands partenaires des Assises des Déchets. Quelles sont les raisons de cette implication ?

Nous entretenons avec les Assises un partenariat de fond, sur la durée. Dans un sens qui correspond au mot d’ordre de cette 14e édition : en matière de déchets, il faut « tenir le cap » ! Nous devons mener des actions au quotidien et de longue haleine tout en cherchant de nouvelles perspectives. Notre soutien à cet événement est fort, dont au plan financier, dans la mesure où nous tenons à y conforter le rôle des collectivités locales. Les Assises sont un temps majeur de partage et de mutualisation de nos ressources, où nous pouvons échanger nos expériences.

La formule des Assises a évolué dans le bon sens et nous nous en félicitons, avec une accroche concrète des débats et une composition en deux journées, deux temps d’échanges qui sont aussi intéressants l’un que l’autre. La première journée, c’est celle des ateliers, toujours passionnants, divers et même bouillonnants, avec une diversité de participants qu’on n’observe pas partout ! La seconde journée est tout aussi incontournable : les plénières posent les degrés d’avancées et anticipent les réglementations et les positions des pouvoirs publics.

 

Où en est Nantes Métropole en matière de déchets ?

Michèle Gressus
Michèle Gressus

Sur le territoire de Nantes Métropole, notre particularité est d’avoir construit des partenariats très actifs avec les associations et l’économie sociale et solidaires (ESS) en même temps qu’avec le monde économique, avec des actions menées avec toutes les chambres consulaires, pour embarquer les entreprises, les agriculteurs et les artisans. Si nous avons beaucoup fait, et depuis deux mandats au moins, c’est que nous avons travaillé en collectif. Nous avons mobilisé les réseaux associatifs et l’ESS, les entreprises et évidemment les services métropolitains dans de multiples actions de prévention, collecte et valorisation, avec des résultats prouvés par la baisse très sensible des volumes de déchets ménagers collectés. C’est ce maillage serré d’acteurs, bien ancrés sur Nantes et les 23 autres communes de la métropole, y compris dans les quartiers denses, qui est décisif : ils s’autonomisent et se professionnalisent, innovent en permanence, favorisent l’appropriation des enjeux déchets même par les plus rétifs, dans un enjeu d’éducation populaire au sens fort du mot.

 

Aux Assises, Nantes Métropole est pilote de l’atelier sur les biodéchets. Quelle vision y porterez-vous ?

En exagérant un peu, on peut dire qu’il y a encore tout à faire ! Même si, évidemment, le mouvement a été enclenché, il nous faut encore continuer à décloisonner toute la filière : de l’amont – actions anti-gaspillage et pédagogie – jusqu’à l’aval, en explorant toutes les valorisations, sans œillères. L’objectif d’un tel atelier est de sortir des sentiers battus. Il faut faire travailler ensemble des acteurs qui n’en ont pas l’habitude, aller chercher les agriculteurs (on le fait trop peu dans les métropoles), mais aussi la grande distribution et les entreprises, en s’inspirant des collectivités qui osent des pratiques nouvelles… notamment à l’étranger. Nous avons ainsi invité North London Waste Agency, une agence territoriale anglaise qui travaille à la sensibilisation et à la pédagogie et qui en même temps réalise beaucoup d’analyse et d’évaluation. Cette approche originale, action + prospective, ouvre de nouvelles pistes, qui pourraient nous aider à inventer le service public de demain. C’est essentiel d’articuler action et perspective, d’être capable d’un temps de recul pour mieux passer ensuite les étapes à venir.

 

Pourquoi tant d’ambition pour les biodéchets ?

Peut-être parce que c’est la ressource pour laquelle il est le plus facile, en tant que citoyen, de tendre vers le zéro déchet ! L’enjeu est ici clairement l’évolution des comportements, notre capacité à changer de paradigme, de norme : le biodéchet n’est pas un déchet sale mais une belle ressource qui donne vie aux fleurs et aux jardins ! Tout le monde pourrait peu à peu s’en persuader : les pistes sont devant nous, et nos politiques publiques peuvent les valoriser en faisant la boucle de l’alimentation avec la « ville comestible », la boucle de « la nature en ville » avec les jardins et espaces verts, la boucle de l’énergie, et la boucle du social, puisque les jardins font reparler les gens ensemble… Avec les biodéchets, nous pouvons faire vivre une autre vision de la biodiversité et du naturel dans notre société.

 

Atelier 9 – Biodéchets : agir de concert

L’atelier consacré à la lutte contre le gaspillage alimentaire et la valorisation des biodéchets se tiendra le mercredi 27 septembre à 16h30.

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